Processus de fabrication

Préambule

Les céramiques que je crée sont destinées aux Arts de la Table et au jardin.
Le grès permet cette très haute résistance. Ainsi, on peut passer mes objets au micro-onde et au lave-vaisselle.
Les émaux utilisés sont compatibles avec l’utilisation en cuisine, d’ailleurs, même si mes créations ont une esthétique différente, on se souvient tous de la solidité des terrines de nos grands-mères …
De même mes pots de fleurs résistent au gel. On peut donc les laisser en extérieur.
À une époque où il nous faut délaisser les gobelets en plastique pour protéger notre environnement, pourquoi ne pas apporter un joli mug original au bureau et faire réchauffer son thé ou sa soupe au micro-ondes plutôt que de consommer les tasses jetables au distributeur automatique ?
Au Japon, j’ai pu constater que le moindre restaurant ouvrier était équipé de vaisselle tournée à la main. Les grands bols à soupe possèdent les empreintes du potier. Pourquoi ne pas revenir à ces valeurs et consommer moins de vaisselle industrielle venue de pays lointains et marquée d’empreintes carbone ?

1-Argile

Après avoir testé plusieurs types de terres, j’ai fini par trouver ma chouchoute. Une terre à grès grise et lisse issue d’une carrière à Saint Amand en Puisaye dans la Nièvre. Elle est agréable à tourner et elle devient toute rose à la cuisson biscuit.

2- Faire des boules

La terre doit être battue avant le tournage
afin d’éliminer d’éventuelles bulles d’air inesthétiques.
Grâce à mon pèse-bébé, je confectionne des boules de masse identiques.
Celles-ci vont me permettre de tourner des petites séries.
Pour un petit bol « fil conducteur » 300 g de terre suffisent.

02 boules

3- Tourner

Je centre la boule, je fais un cylindre, monte la terre afin d’éliminer encore les bulles d’air, je la redescends et la creuse puis crée la forme en faisant monter la matière du bas vers le haut.

4- Pause séchage

Les poteries sont décollées du tour et posées sur une planche. L’eau contenue dans les objets s’évapore et quelques heures plus tard, la consistance du pot ressemble à du cuir. Il est alors possible de retourner délicatement l’objet pour compléter le séchage.

04 pause séchage

5- Tournassage

Il ne faut pas trop tarder à tournasser
sinon le pot risque d’être trop sec.

À l’aide de mirettes, je sculpte la base du pot
que j’ai retourné et centré au milieu de mon tour.

05 tournasage

6- Signature

Il m’arrive de retrouver et de racheter (grâce à internet) des poteries qui ont été fabriquée il y a 50 ans par mes parents. Des pots signés du nom de Fievet.
C’est pour cette raison que je signe par mon nom plutôt que par un logo.
J’ajoute simplement le « E » de Émilie.
J’ajoute cette signature à la fin du tournassage.

06 signature

7- Façonnage et pose des anses

07 tasse et anses

L’anse doit être élancée et pratique pour la prise en main.
Mon père m’avait appris à « tirer des anses »
mais cela nécessite un sacré coup de main.
Les anses sont ensuite collées à la barbotine
(argile à consistance boueuse) sur l’objet.

8- Première cuisson "Biscuit"

Mes amis designers Sara et Manuel m’ont prêté leur petit four de 40 litres de la marque Vico (non, ce n’est pas un four à chips !) pendant 2 ans.
En février 2019, j’ai investi dans un four Solargil Pluton 1S avec rehausse qui lui donne une capacité de près de 60 litres !!! Je peux ainsi faire de plus grands pots. Une cuisson dure environ 10 heures car il faut que la montée en température soit lente pour ne pas que les pots éclatent. Ils étaient gorgés d’eau il n’y a pas si longtemps.

Les pièces peuvent se toucher et éventuellement être entassées à ce stade mais je crée tout de même plusieurs étages grâce à des colonnettes et des plaques pour que le four soit rempli jusqu’en haut. Le four monte progressivement à 980 degrés, puis fait un palier et enfin cesse la cuisson.
Il faut ensuite à nouveau attendre une dizaine d’heures pour que l’on puisse ouvrir le four. J’attends qu’il affiche 50 degrés pour être sûre de ne pas créer de choc thermique. J’utilise des gants pour défourner les pots et les différents étages.

9- Émaillage et décoration

Une fois sortie du four, je trempe la pièce à l’aide d’une pince dans un bain d’émail en suspension.
Il s’agit d’une poudre blanche qui ressemble à de la farine et qui se « vitrifiera » à 1280 degrés lors de la seconde cuisson.
Pour créer une harmonie dans les décors, j’ai opté pour un émail de fond toujours blanc.
À une certaine période, mes parents utilisaient aussi ce type de terre et d’émail de fond. Cela fait donc un clin d’œil familial …

09 colorants

Les décors, en revanche, sont composés de trois binômes de couleurs :
-Le rouge et noir,
-Le vert et noir,
-Le bleu et noir
et enfin le noir tout seul pour les objets de la collection « fil conducteur ».

Chaque décor est fait à la main, au pinceau.
Geneviève Fievet et moi décorons à quatre mains.
C’est assez délicat car il s’agit de dessiner un motif sur un objet orné d’une poudre qui s’efface à chaque fois qu’on l’effleure.
Interdiction de trembler !

09 décoration


Nous échangeons beaucoup sur les thèmes d’inspiration.
Les idées de motifs sont issues du monde végétal, animal mais elles peuvent aussi être composées d’objets du quotidien.
Ainsi, dans la série « Fil Conducteur », les singes peuvent côtoyer une lampe de chevet, une corde à linge ou une ligne haute tension sur laquelle des hirondelles s’apprêtent à s’envoler.
De même, dans la série « Empilements », nous nous amusons à jouer avec l’équilibre d’une montagne de vaisselle inspirée de la célèbre chanson de Pierre Perret « Vaisselle cassée, c’est la fessée ».

10- Cuisson grès

Contrairement à la cuisson « Biscuit », les pièces ne doivent en aucun cas se toucher dans le four.
Si elles se touchaient, elles resteraient collées les unes aux autres.
De même, la partie qui est en contact avec la plaque doit être « débaguée » à l’aide d’une éponge avant d’être posée sans quoi elle se solidariserait avec la plaque et ce serait la catastrophe.
On a tous vécu un jour ce type de mini-drame condamnant l’objet
(qui se retrouve classé parmi les « radouilles ») et la plaque …
Après une montée en température à 1280 degrés et une longue période de refroidissement,
je peux enfin découvrir mes objets finis.
L’ouverture d’un four de cuisson émail c’est un peu comme à Noël …
On a de bonnes et de mauvaises surprises mais l’effet de surprise est toujours là.

10 défournement

11- Collection seventies

Depuis quelques mois, nous avons voulu créer une nouvelle collection toute en couleur sur le thème des années 1970. Les seventies, période à laquelle je suis née.
J’ai baigné dans une atmosphère entourée de hippies, de musiques planantes émanant de disques 33 tours aux pochettes toutes plus colorés les unes que les autres …
À cela s’ajoutait un environnement où les intérieurs des maisons étaient ornés de décorations aux motifs géométriques ainsi que de grosses fleurs aux couleurs vives, tout comme les vêtements, les casseroles ou la nappe en toile cirée de la cuisine !
 C’est avec la nostalgie de cette période que nous avons voulu créer depuis l’automne 2023, une collection spéciale seventies qui apporte un peu de couleur et de gaité dans ce monde où la couleur n’a plus trop sa place …
 C’est un voyage à travers le temps que vous pourrez trouver sur ces pièces uniques aux illustrations plus ou moins détaillées. Il y a parfois des différences de prix pour une même forme en fonction de la complexité du décor qui est unique, qui porte l’objet et qui sort tout droit de notre inspiration du moment.
 Le décor est toujours réalisé au pinceau fin, à main levée, sur le fond d’émail poudreux avant vitrification par cuisson haute-température (1240 degrés).
 Le motif est inaltérable car il est fondu avec l’émail.
Toutes nos créations sont des pièces uniques au monde ! Il n’y aura jamais deux décors strictement identiques, même sur des petites séries.
 Je vous invite à venir prendre une belle dose de couleurs en allant sur :